Crise Coronavirus (mais pas que) : Suppression des marchés de plein vent ou comment faire la part belle à la grande distribution capitaliste

La grande majorité des français a dû entendre cette nouvelle annonce du premier ministre (il a abandonné le comptage des masques ffp1 ou 2 manquants car trop fastidieux) : les marchés et la vente des produits de nos agricultures locales sont désormais interdits avec un pouvoir donné au bon vouloir des nouveaux seigneurs préfectoraux d’accorder quelques dérogations via les maires demandant allégeance. Certainement encore quelques magouilles de copinage. C’est bien par la peur qu’Edouard veut faire comprendre aux consommateurs qu’il faut vite courir dans les superrackets car ses collègues patrons et boursiers aimeraient bien continuer à se remplir les poches (et accessoirement nous les vider).

Est-il donc plus dangereux de se fournir en denrées alimentaire dans les marchés de plein air que dans des espaces confinés (appelé à juste titre temple de la consommation) ???

Alors que tous les acteurs de la vente directe se sont pliés aux injonctions gouvernementales (gestes barrières, gants, gel, manipulation réduite des produits), la grande distribution quant à elle, ne peut fournir des masques à tous ces salariés et ne peut encore moins vous certifier que les produits vendus n’ont pas été manipulés, remanipulés, susurrés, souillés par le covid-19. En effet, la chaine des intermédiaires est longue entre production, livraison pour la centrale d’achat, stockage, re-livraison en magasin, mise en rayon, choix des clients, mise en caisse, avant d’arriver dans votre frigo. Cependant et très vite, la profession de proximité, qui crée un véritable lien social (vous discutez beaucoup dans un supermarché ??) a pris conscience de l’urgence de la situation. Nous avons pu constater, en dialoguant, que l’auto-organisation de cette filière a été très rapide (groupe Facebook de producteurs, vente directe à la ferme, installation de banc de marché dans des magasins solidaires…). On s’aperçoit donc que les précautions sanitaires prises par nos paysans locaux sont véritablement à la hauteur de cette crise. Pour la grande distribution , on est vraiment loin du compte , et ce n’est certainement pas en faisant travailler les ouvriers de mise en rayons pendant 60 heures que les mesures d’hygiène et de sécurité accrue seront respectés ( on peut vous envoyer aussi lire un article du NPA ici : https://npa2009.org/actualite/entreprises/grande-distribution-face-cette-crise-inconnue-nous-allons-nous-aussi-dans ).

On peut donc affirmer ici que les intentions de nos gouverneurs sont clairement affichées : la destruction de nos économies locales, sociales, solidaires au profit des acteurs de la grande bouffonnerie de la distribution. Les différentes interviews des patrons de la grande distribution (super U, Intermarché, carrefour) sur la radio d’état, France inter, soutiennent cette affirmation. Le gouvernement a donc fait le choix de mettre à genoux nos petits producteurs avec comme dernière alternative pour ces derniers, celle de se vendre à la grande distribution, eux qui avaient justement fait le choix de l’indépendance. Le gouvernement a donc fait le choix de soutenir une agriculture conventionnelle, dépendante de toute la filière agro-alimentaire et les parasites actionnaires qui vont avec. Autre exemple parlant, le soutien aux exploitants agricoles par les institutions et la FNSEA et le demande (encore) de solidarité d’une « armée de l’ombre » pour reprendre les mots de Didier Guillaume, ministre de l’agriculture très relayée par les médias. Il manquerait 200 000 saisonniers sur les trois mois à venir. Encore une fois de quelles exploitations agricoles parle-t-on ? Nous dénoncions avant l’emploi d’une main d’œuvre sous payée, aux conditions de logements insalubre et de travail indignes, pour une agriculture ultra polluante et détruisant la biodiversité (comme celle de la monoculture de fraise sous serres chauffées) (voir l’article https://reporterre.net/Travailleuses-detachees-dans-l-agriculture-elles-racontent-leur-calvaire-en-France ) ; ce n’est pas pour, aujourd’hui, allez les soutenir et faire nos devoirs de citoyens en trimant et se faire exploiter dans leurs champs !!

Un dernier point, que les néolibéraux aimeraient bien voir se réaliser, est la fin de la monnaie sonnante et trébuchante (utilisé dans les marchés) au profit de la monnaie électronique. Il est désormais très difficile de payer en cash dans les lieux de cultes du totalitarisme marchand et ceci toujours pour plus de contrôle, de traçabilité (il n’y a pas que les moutons qui sont tracés dans la filière ovine).

Alors que tous les signaux, notamment écologique, nous démontre que seules les économies locales sont viables, nous devons tous agir pour soutenir, encourager et renforcer notre indépendance alimentaire et notre agriculture paysanne ; l’autogestion est plus que nécessaire désormais. Et n’oublions pas :

Si le « nous » n’existe plus, nous n’existons plus

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