LE RN ET ZEMMOUR SONT ILS DES FASCISTES ?
Aujourd’hui traiter le RN de parti fasciste risque de nous attirer de sa part une convocation face aux tribunaux ou à des attaques sur notre incompréhension des mouvements politiques. Même chose pour le candidat Zemmour, malgré ses tentatives de réhabilitation de Pétain et son programme qui en bien des points s’appuient sur la Révolution Nationale du bon vieux Maréchal en y rajoutant pour plaire à la bourgeoisie capitaliste et au patronat, une grosse dose d’ultralibéralisme.
Pourtant l’histoire de ce parti (pour les autres groupuscules d’extrême-droite pas besoin d’en démontrer les liens, il suffit d’écouter leur « prose » de poubelles) est bien enracinée dans celle du fascisme et en se réclamant des idées les plus nauséabondes du nationalisme, de la xénophobie, du racisme, de l’autoritarisme il contribue pleinement à une transformation des mentalités et des institutions. Malgré sa soi-disant dédiabolisation qui voudrait masquer son héritage fasciste, il n’en reste pas moins que derrière, la bête immonde est toujours là. Réduire aujourd’hui le RN aux idées racistes et xénophobes (ce qu’il est), c’est aussi tomber dans le crétinisme de la social-démocratie qui, comme dans les années 1920/1930 par manque de lucidité et de combativité, par attentisme électoral, a fini par laisser le monstre tentaculaire dévorer ses proies. Face à cette dédiabolisation il est donc urgent de définir ce qu’est réellement le fascisme et c’est à partir de là que nous pourrons élaborer nos stratégies de luttes.
Le fascisme est un réflexe de défense de la classe des possédants devant affronter la crise du capitalisme ou ses mutations sous les effets de la mondialisation. Craignant pour la propriété privée, pour ses profits, la classe des possédants pousse à une dérive autoritaire des institutions pour se protéger dans un premier temps, et si elle juge cette protection insuffisante, elle n’hésitera pas à faire appel dans un deuxième temps au parti fasciste. Ce fut déjà la stratégie de la bourgeoisie en Allemagne au début des années 30. Autrement dit le RN et Zemmour s’inscrivent bien dans les dérives autoritaires de nos sociétés visant à protéger les biens des possédants et donc allant à l’encontre des intérêts travailleurs et travailleuses.
Actuellement, nous en sommes à la première étape : celle d’une dérive autoritaire des démocraties libérales. On parle d’illibéralisme. Lutter contre le RN, Zemmour et tous leurs clones revient à lutter contre le capitalisme et les crises de ce système. Le combat contre l’austérité, combat syndical, est donc aussi une lutte antifasciste.
Mais ce n’est pas suffisant. Ce renforcement de l’autoritarisme doit se mesurer à plusieurs niveaux, donc se combattre sous plusieurs angles. En effet, une sorte de « propagande de la peur » se prête à ces dérives autoritaires. Il s’agit de préparer l’opinion à une sorte de terreur d’Etat. C’est par exemple le rôle des politiques anti-roms et contre les migrant-es ( merci les socialistes ! ), des lois sécuritaires et liberticides qu’on laisse renforcer sans réaction avec la peur du terrorisme, avec la répression des mouvements sociaux, mais aussi avec le renforcement des hiérarchies et de l’autorité de l’État qui instrumentalise la crise sanitaire pour stupéfier la population. Tout est fait par les divers gouvernements pour conditionner l’opinion à la peur. L’historien Robert.Paxton auteur du livre « la France de Vichy » ne dit-il pas : « les fascistes sont proches du pouvoir lorsque les conservateurs commencent à leur emprunter leurs méthodes… » C’est aussi rendre plus « disponibles les cerveaux » à cette peur par une chloroformisation des masses par les médias, par les compétitions sportives, par la consommation… On y rajoute un contrôle social des populations par des technologies de plus en plus sophistiquées et l’on se rend bien compte à quel point cette première étape d’un renforcement autoritaire est d’actualité.
Combattre le fascisme c’est donc combattre le capitalisme, l’austérité mais donc aussi l’autoritarisme d’Etat qui lui correspond et qui n’est somme toute qu’une manifestation d’un pré-fascisme. L’objectif est donc à ce jour de préparer les populations à accepter l’inacceptable.
Notre rôle est aussi une attaque frontale du RN et de ses satellites. En effet cette dédiabolisation a surtout permis la substitution d’un langage par un autre. Orwell reste d’actualité ! Le RN, comme les partis fascistes entre les deux guerres, a besoin d’un soutien populaire, mais agréger des classes sociales à une politique favorable au capitalisme et aux possédants nécessite une stratégie de conquête du langage. Il n’hésite pas à en piocher une partie dans les mouvements syndicaux ou dans les partis anticapitalistes. Les leaders du RN, quand ils s’adressent aux travailleurs et travailleuses (changeant de discours quand ils parlent aux lecteurs du Figaro) s’opposent au « capitalisme », aux « grands patrons », « aux élites de la finance », à la « grande distribution »…. en s’identifiant au peuple victime. Se présentant comme un parti « antisystème », « rebelle », il use de la même démagogie que les fascismes traditionnels pour cacher qu’il n’est qu’un parti d’intégration et de soumission des classes populaires au capitalisme. Sa dénonciation de la mondialisation n’est pas une dénonciation du capitalisme ravageur mais qu’un moyen pour proposer un nationalisme franchouillard de repli en expulsant toute population qui ne correspondrait pas à sa culture identitaire. Par une perversion du langage, il entend coloniser les esprits et donc transformer les mentalités et les comportements des travailleurs et travailleuses à son idéologie réactionnaire et corporatiste. Ainsi le RN n’est plus un parti raciste mais… défend la préférence nationale ! Sa novlangue et sa démagogie parviennent à semer le trouble chez les travailleurs, travailleuses mais aussi dans les organisations syndicales. Ce trouble favorise les divisions, ce qui est un atout pour renforcer l’autoritarisme et le contrôle social. C’est le BA- BA de la stratégie du patronat !
Se battre contre le fascisme incarné dans le RN, Zemmour et leurs satellites, c’est donc se battre contre le capitalisme, les crises et l’austérité. C’est favoriser les luttes qui permettent de renforcer une solidarité de classe : Français·es, immigré·e·s, roms, travailleurs et travailleuses, retraité·e·s, étudiant·e·s, féministes, écologistes….nous avons toutes et tous les mêmes intérêts à défendre.
Se battre contre le RN, Zemmour..c’est aussi démonter sa novlangue, son programme et pour cela nous avons besoin de solides arguments, de solides formations : informations que l’on peut trouver sur les sites de la « Horde » ou de VISA ( vigilance intersyndicale antifasciste).
Aujourd’hui, si nous ne voulons pas voir le tapis rouge déroulé par l’État qui finirait par porter les fascistes au pouvoir il est plus que nécessaire de lutter et de faire obstacle par tous les moyens à l’extrême-droite sous toutes ses formes, à combattre ses idées et à ceux qui les appliquent.
Le Vieux le 29/01/2022