George Floyd repose en paix, désormais célébré par (presque) tous.
N’oublions cependant pas les milliers d’autres victimes quotidiennes des violences policières de part le monde.
N’oublions pas qu’il n’y a pas de bavure policière mais belle et bien une violence institutionnelle, tolérée, organisée et planifiée, jamais punie. Il n’y a pas de mauvais flics, il y a des États définis pas le monopole d’une violence dite légitime.
N’oublions pas comment la gestion coloniale des quartiers populaires a été expérimentée et perfectionnée pendant des décennies, avant d’être étendue à la répression des mouvements sociaux ces derniers années.
N’oublions pas que la police française a tué 676 personnes depuis 43 ans, qu’elle en a blessé des milliers ces dernières années, éborgné des centaines.
N’oublions pas que pendant le confinement, douze personnes sont mortes sous les coups de la police française dans l’indifférence générale.
N’oublions pas que le policier qui a froidement assassiné George Floyd n’a été inculpé pour homicide involontaire qu’après quatre jours d’émeutes et la destruction de son commissariat, puis pour homicide volontaire qu’après dix jours d’émeutes et l’incendie de l’église des présidents, à quelques pas de la Maison Blanche.
N’oublions pas que, dans l’histoire, la naïveté et l’acceptation docile de mesures d’exception, la complicité passive furent toujours responsables de l’arrivée au pouvoir du fascisme et du totalitarisme. Le renforcement perpétuel des mesures sécuritaires, au nom du terrorisme comme au nom de notre santé, aboutit toujours à la répression des contestations. Il n’y a pas de bon état d’urgence.
N’oublions pas que le pouvoir ne cède jamais que sous la pression et ne soyons pas dupes des dernières annonces du ministre de l’Intérieur qui nous promet :
- d’ « envisager » la suspension en cas de soupçons avérés ou de propos racistes. « Envisager », c’est-à-dire jamais !
- de rendre le numéro de matricule des policiers visibles. Ce qui est déjà obligatoire et bien souvent omis, en toute impunité.
- de renforcer l’équipement de « caméras piétons » pour les policiers, alors que les images ne sont JAMAIS fournies à la justice en cas de violence.
- d’interdire les clefs d’étranglement, alors qu’il est déjà interdit de tirer avec un LBD dans le visage, qu’il est interdit de mettre une matraque dans un anus, qu’il est interdit de piétiner une vieille dame, qu’il est interdit de tuer. Mais la justice protège systématiquement les policiers.
N’oublions pas que ce même ministre à décoré « de la médaille de la sécurité intérieure » en 2019 des policiers impliqués dans des affaires de violence grave, une promotion très exceptionnelle et très officiellement nommée « Gilets jaunes ». Parmi les récompensés pour leur « service particulièrement honorable » et leur « engagement exceptionnel », figurent :
- le commissaire qui a lancé l’assaut contre des centaines de danseurs pendant la fête de la musique à Nantes, provoquant la disparition de Steeve Caniço dans la Loire,
- le commissaire qui a lancé l’assaut contre une manifestation à Nice, le 23 mars 2019, plongeant une retraitée, Geneviève Legay, dans le coma,
- le commandant de la compagnie de CRS qui a tabassé des manifestants dans un Burger King, le 1er décembre 2018, à Paris,
- le CRS qui commandait les tirs ce même jour à Marseille, dont l’un d’eux blessa mortellement Zineb Redouane.
N’oublions pas que ce même ministre a commandé au mois d’avril pour plusieurs millions d’euros de gazeuses et de drones… alors que les masques et les tests manquaient jusque dans les hôpitaux.
N’oublions jamais tout cela. N’oublions jamais la logique institutionnelle par essence violente qui préside à la doctrine du maintien de l’ordre et exigeons une « épuration éthique » de la police, exigeons un abandon de toutes les politiques sécuritaires élaborées pour masquer l’impuissance à résoudre les urgences sociales et menées par tous les gouvernements successifs, exigeons la levée immédiate de l’état d’urgence sanitaire instrumentalisé pour remettre en cause les libertés fondamentales dont celle de manifester.
La 10 juin 2020 – UCL Le Puy en Velay