Misère d’une chronique (quand Jean-Yves Camus veut s’en prendre à l’UCL)

 

Dans une chronique du 16 décembre pour Charlie Hebdo, le politologue Jean-Yves Camus s’est pris les pieds dans le tapis en cherchant à associer notre organisation à des pratiques qui ne sont pas les siennes. Jean-Yves Camus a vraisemblablement fait le choix d’attaquer publiquement l’Union communiste libertaire (UCL) en l’assimilant délibérément à ce qu’il nomme « le black bloc », et à ce sujet il dit à peu près « tout et n’importe quoi ».

[Réponse de l’UCL à la chronique de Jean-Yves Camus, « Black Bloc. Sous les pavés, tout et n’importe quoi », publiée dans Charlie Hebdo n°1482 du 16 décembre 2020]

Dans une chronique du 16 décembre pour Charlie Hebdo, le politologue Jean-Yves Camus s’est pris les pieds dans le tapis en cherchant à associer notre organisation à des pratiques qui ne sont pas les siennes.

Certes l’erreur est humaine. Mais pour une personne comme Jean-Yves Camus, habituée à analyser l’extrême droite et animateur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès proche du Parti socialiste, ce n’est pas de ça dont il s’agit.

Jean-Yves Camus a vraisemblablement fait le choix d’attaquer publiquement l’Union communiste libertaire (UCL) en l’assimilant délibérément à ce qu’il nomme « le black bloc », et à ce sujet il dit à peu près « tout et n’importe quoi ».

M. Camus a peur dans le noir

Il tente d’abord une définition de la stratégie de ce « black bloc », « une méthode de manifestation qui ne préexiste ni ne survit au cortège dans lequel il apparaît » avant d’en discerner la doctrine, à savoir « l’abolition de l’État et celle du capitalisme ».

On ne fera pas l’injure à Jean-Yves Camus de lui rappeler à quel point les courants politiques pouvant se réclamer de l’abolition de l’État et du capitalisme sont nombreux et divers.

C’est le cas du courant communiste libertaire qu’incarne principalement aujourd’hui l’Union communiste libertaire. Oui, l’UCL est une organisation révolutionnaire : nous l’assumons publiquement et politiquement depuis notre fondation.

Mais concernant la stratégie brossée de manière brouillonne et à grands traits par Jean-Yves Camus, il y a une différence fondamentale avec l’intervention quotidienne que construisent les militant-es et groupes de l’UCL.

Notre stratégie ne repose pas sur l’émeute et l’insurrection mais bien sur la construction de contre-pouvoirs et l’auto-organisation des luttes sociales. La plupart des membres de notre organisation sont actives et actifs dans les syndicats (à la CGT comme à SUD-Solidaires), dans des associations pour le droit au logement, des associations et collectifs écologistes, féministes, antifascistes, antiracistes.

Nous « survivons » donc bien à l’éphémère des manifestations qui pour nous s’inscrivent dans des mobilisations solides, durables, inscrites dans des solidarités concrètes et populaires.

M. Camus se plaît à nous dépeindre en « groupuscule » : nous récusons ce terme.

Nous sommes certes une organisation révolutionnaire aux effectifs encore modestes, mais de par notre investissement quotidien dans les luttes sociales, notre audience ne s’y limite pas.

Tout comme nos réflexions et pratiques s’enrichissent des expériences concrètes menées collectivement au sein de notre classe sociale.

Confusionniste ou « chien de garde » ?

Mais on lit d’autres choses dans la chronique de Jean-Yves Camus : pour lui le fait d’avoir une rubrique « féminisme » sur notre site internet et d’y avoir publié un communiqué de soutien au CCIF semble disqualifiant.

Concernant le féminisme, M. Camus va devoir expliquer en quoi cela poserait un quelconque problème à l’homme de gauche qu’il prétend être.

Pour ce qui est du CCIF, au regard du titre de presse qui héberge la chronique nous sommes moins surpris.

Mais à ce titre la LDHAmnesty international ou l’Union syndicale Solidaires qui ont également publié des communiqués de soutien au CCIF seraient elles, elles aussi, des organisations tenantes du « tout et n’importe quoi » que M. Camus voulait étriller dans son papier ?

L’UCL a toujours inscrit son combat contre l’islamophobie dans le refus de la division des classes populaires. Une division orchestrée avec vigueur ces derniers temps par le pouvoir en place.

Mais peut-être que Jean-Yves Camus veut laisser entendre qu’il y aurait une contradiction entre une rubrique « féminisme » et un communiqué en soutien au CCIF ?

Nous lui laissons le soin de préciser cela. Pour l’UCL il n’y a nulle contradiction à se battre à la fois pour les droits des femmes et contre tous les racismes (et donc contre l’islamophobie).

En réalité, au terme de la lecture de la chronique de Jean-Yves Camus, l’évidence s’impose : il ne s’agit pas d’être honnête et intègre dans son « analyse » des prétendus « blacks blocs » comme dans la présentation biaisée et discrètement diffamatoire qu’il fait de notre organisation.

Cette chronique s’inscrit dans une démarche politique qui voit dans la « radicalité » tout ce qui s’oppose à un « humanisme » dont le PS et plus largement les courants acquis à la démocratie libérale et à l’économie de marché se prétendent les dépositaires. Cette démarche implique de renvoyer couramment dos-à-dos les « extrêmes », amalgamant des fascistes à des militant·es de l’égalité. Pour ces défenseurs de l’ordre libéral et capitaliste c’est une façon de dire que les courants révolutionnaires sont des corps étrangers à cette démocratie libérale.

En ce sens Jean-Yves Camus rejoint le long cortège de ceux que Paul Nizan appelait les « chiens de garde » du Capital.

Nous l’assumons pour notre part pleinement : l’UCL et ses militant-es continueront de se battre radicalement contre le capitalisme et les États qui le servent, contre le cortège de misère, d’horreurs et d’inégalités qu’ils charrient.

Union communiste libertaire, 

 

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